mardi 8 avril 2008

Edito

Cela fait plus de soixante ans, le 10 décembre 1948, que l’Assemblée Générale des Nations Unies adoptait, à Paris, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH). Après les barbaries perpétrées lors de la seconde guerre mondiale, cette déclaration réaffirmait les droits fondamentaux de tout être humain, « la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine », « les droits égaux et inaliénables [qui] constituent le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ».

La Déclaration de 1948 a ravivé l’espoir pour bon nombre de fervents défenseurs des droits de l’homme. Elle porta ses fruits et fut le point de départ d’autres textes internationaux et régionaux proclamant les droits de l’homme : Pactes internationaux sur les droits civils et politiques et économiques, sociaux et culturels (1966), Conventions internationales contre la torture, pour l’élimination des discriminations raciales et à l’égard des femmes, sur les droits de l’enfant et le statut des réfugiés, ainsi que, sur le plan régional, la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, la Convention interaméricaine des droits de l’homme (1969), la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples (1981), etc. Plus récemment, des textes continuent à voir le jour pour pallier des lacunes, sur les disparitions forcées, les droits des travailleurs migrants, la lutte contre la traite des êtres humains. Ainsi, la reconnaissance des droits de l’homme, universels et indivisibles, s’est accrue. De même, les organismes chargés de défendre les droits de l’homme se développèrent : Comités conventionnels des Nations Unis, Cour européenne des droits de l’homme, Commission et Cour interaméricaine des droits de l’homme, Cour pénale internationale, Institutions nationales de promotion et protection des droits de l’homme... etc.

Car si les droits, les textes les proclamant, et les organismes chargés de leur défense se sont multipliés, leur application n’en est pas pour autant effective partout et pour tous, comme le pensaient les rédacteurs de la Charte des Nations unies. Ainsi, l’espoir suscité par la Déclaration de 1948 n’a pas empêché le déroulement de conflits meurtriers aboutissant à des violations massives des droits de l’homme : Rwanda, Balkans, Proche Orient, Éthiopie, Somalie, Togo, Chine, Darfour...Évoquons également les manquements graves quotidiens : disparitions forcées, tortures et atrocités, traitements cruels, inhumains et dégradants, esclavage, exploitation des femmes et des enfants, réfugiés, détentions arbitraires, conditions de détention indignes, sans oublier l’immense foule, plus de deux milliards de « pauvres » aux prises avec la faim, le mépris et l’injustice. Trop de textes internationaux ne sont pas encore ratifiés par les États, ou bien ne sont pas véritablement respectés, faute de sanctions réellement applicables, ou bien à cause de l’absence de volonté politique. Enfin, la lutte contre le terrorisme, la montée du fondamentalisme et des intégrismes religieux se traduisent souvent par un repli identitaire et communautaire, une peur de l’Autre, et provoquent des réactions sécuritaires démesurées, autant de facteurs menaçants pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales.

Si le Maroc a indéniablement progressé sur le chemin du respect des droits de l'Homme, il n'en reste pas moins que des velléités de régression existent toujours. Des réflexes que l'on coryait appartenir au passé ressurgissent et frappent de la manière la plus cruelle qui soit. Est-il nécessaire de rappeler le cas de ce malheureux veillard, Hassan Nasser, atteint de sénélité et condamné pour "atteinte aux sacralités", finalement retrouvé mort dans sa cellule faute de soins?
Est-il aussi nécessaire de rappeler le cas de Bougrine, septuagénaire, condamné et emprisonné suite à la manifestation du 1er mai 2007 ? A tel point que l'on le surnomme le prisonnier des trois Rois.
Est-il nécessaire de rappeler la répression violente des manifestations contre la chèreté de la vie et son lot de condamnés et d'emprionnés ?

En ce soixantième anniversaire de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme ainsi que le dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, Cap'DéM@ souhaite saluer le courage des nombreux défenseurs au Maroc qui, avec énergie et dévouement, mettent en danger leur vie et leur liberté pour la promotion et la protection de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales.

Restons mobilisés, restons vigilants.

Parceque nous sommes libres.
Cap'DéM@

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