mardi 8 avril 2008

Edito

Cela fait plus de soixante ans, le 10 décembre 1948, que l’Assemblée Générale des Nations Unies adoptait, à Paris, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH). Après les barbaries perpétrées lors de la seconde guerre mondiale, cette déclaration réaffirmait les droits fondamentaux de tout être humain, « la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine », « les droits égaux et inaliénables [qui] constituent le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ».

La Déclaration de 1948 a ravivé l’espoir pour bon nombre de fervents défenseurs des droits de l’homme. Elle porta ses fruits et fut le point de départ d’autres textes internationaux et régionaux proclamant les droits de l’homme : Pactes internationaux sur les droits civils et politiques et économiques, sociaux et culturels (1966), Conventions internationales contre la torture, pour l’élimination des discriminations raciales et à l’égard des femmes, sur les droits de l’enfant et le statut des réfugiés, ainsi que, sur le plan régional, la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, la Convention interaméricaine des droits de l’homme (1969), la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples (1981), etc. Plus récemment, des textes continuent à voir le jour pour pallier des lacunes, sur les disparitions forcées, les droits des travailleurs migrants, la lutte contre la traite des êtres humains. Ainsi, la reconnaissance des droits de l’homme, universels et indivisibles, s’est accrue. De même, les organismes chargés de défendre les droits de l’homme se développèrent : Comités conventionnels des Nations Unis, Cour européenne des droits de l’homme, Commission et Cour interaméricaine des droits de l’homme, Cour pénale internationale, Institutions nationales de promotion et protection des droits de l’homme... etc.

Car si les droits, les textes les proclamant, et les organismes chargés de leur défense se sont multipliés, leur application n’en est pas pour autant effective partout et pour tous, comme le pensaient les rédacteurs de la Charte des Nations unies. Ainsi, l’espoir suscité par la Déclaration de 1948 n’a pas empêché le déroulement de conflits meurtriers aboutissant à des violations massives des droits de l’homme : Rwanda, Balkans, Proche Orient, Éthiopie, Somalie, Togo, Chine, Darfour...Évoquons également les manquements graves quotidiens : disparitions forcées, tortures et atrocités, traitements cruels, inhumains et dégradants, esclavage, exploitation des femmes et des enfants, réfugiés, détentions arbitraires, conditions de détention indignes, sans oublier l’immense foule, plus de deux milliards de « pauvres » aux prises avec la faim, le mépris et l’injustice. Trop de textes internationaux ne sont pas encore ratifiés par les États, ou bien ne sont pas véritablement respectés, faute de sanctions réellement applicables, ou bien à cause de l’absence de volonté politique. Enfin, la lutte contre le terrorisme, la montée du fondamentalisme et des intégrismes religieux se traduisent souvent par un repli identitaire et communautaire, une peur de l’Autre, et provoquent des réactions sécuritaires démesurées, autant de facteurs menaçants pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales.

Si le Maroc a indéniablement progressé sur le chemin du respect des droits de l'Homme, il n'en reste pas moins que des velléités de régression existent toujours. Des réflexes que l'on coryait appartenir au passé ressurgissent et frappent de la manière la plus cruelle qui soit. Est-il nécessaire de rappeler le cas de ce malheureux veillard, Hassan Nasser, atteint de sénélité et condamné pour "atteinte aux sacralités", finalement retrouvé mort dans sa cellule faute de soins?
Est-il aussi nécessaire de rappeler le cas de Bougrine, septuagénaire, condamné et emprisonné suite à la manifestation du 1er mai 2007 ? A tel point que l'on le surnomme le prisonnier des trois Rois.
Est-il nécessaire de rappeler la répression violente des manifestations contre la chèreté de la vie et son lot de condamnés et d'emprionnés ?

En ce soixantième anniversaire de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme ainsi que le dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, Cap'DéM@ souhaite saluer le courage des nombreux défenseurs au Maroc qui, avec énergie et dévouement, mettent en danger leur vie et leur liberté pour la promotion et la protection de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales.

Restons mobilisés, restons vigilants.

Parceque nous sommes libres.
Cap'DéM@

A Abbass Aya Abbass ... comme dirait la chanson

Six mois après l’entrée en scène du gouvernement actuel le 15 octobre 2007, les premières comparaisons avec le gouvernement Jettou commencent déjà à se faire entendre. Même si le gouvernement n’est pas présent depuis assez longtemps et que, objectivement, on ne peut pas encore parler de bilan, il suffit de regarder ce qu’il a fait pour se rendre compte qu’en dehors de l’achèvement de quelques dossiers de l’ancien gouvernement, il n’y a pas eu d’action réellement nouvelle.

Des patates bien chaudes.
Une comparaison entre les deux gouvernements est-elle vraiment possible ? Héritier d’une série de dossiers ultra sensibles du gouvernement Jettou, à l’instar du problème de la couverture médicale, mais aussi d’autres, remis au goût du jour par l’actualité, comme celui de la Caisse de compensation, le gouvernement de Ssi Abbas a hérité de plusieurs patates chaudes que les gouvernements se refilent depuis plus 25 ans. Il est à rappeler que les émeutes de la faim de 1981 avaient déjà eu pour objet la hausse des prix et une tentative de renoncer aux subventions, de supprimer la Caisse de compensation. Depuis lors, chaque gouvernement commence son mandat en promettant de lancer une étude et de régler ce problème. La différence par rapport aux gouvernements précédents, c’est que le coût d’un maintien de cette caisse est devenu beaucoup plus onéreux. Tant que les cours étaient bas, c’était une bonne affaire, mais plus maintenant. Pourtant le gouvernement devrait s'attaquer dès à présent à certaines réformes qui permettraient d'augmenter le pouvoir d'achat des marocains comme par exemple le ciblage des populations nécessiteuses. En effet, et selons les chiffres du HCP, 40% des subventions alimentaires et 50% de celles destinées à l’éducation profitent aux 20% de ménages les plus aisés. Les 20% les plus pauvres reçoivent à peine 9%. En aidant uniquement les populations nécessiteuses, on pourrait réduire l’enveloppe de la CDC de 75%.

Cherche majorité stable et plus si affinités.
Nommé en 2002 à la suite de l’échec des deux poids lourds de la majorité, l’Istiqlal et l’USFP, à trouver un accord concernant l’appartenance politique du chef de gouvernement, Driss Jettou s’était très vite imposé par une forte présence au niveau du travail en équipe au sein du gouvernement, tandis que son statut de technocrate, s’il lui avait attiré des reproches de la scène politique marocaine, l’avait aussi protégé de certains de ses aléas. Cela ne semble pas être le cas du Premier ministre actuel: Ssi Abbas. Celui-ci a beau bénéficié de l’étiquette partisane tant réclamée par les politiques depuis 2002, le gouvernement a «mal à sa majorité» : désigné au lendemain d’élections caractérisées par un taux d’abstention record, affaibli depuis le passage du Mouvement populaire à l’opposition et l’adoption par l’USFP du concept de «soutien critique», le gouvernement pâtit d’un manque de coordination au niveau de sa majorité parlementaire. On ne sent pas de grande synergie entre les équipes de la majorité. Ce n’est pas une équipe extrêmement soudée, mais plutôt l’addition de groupes au sein de la majorité. C’est pour cela que, parfois, on a tendance à dire que la majorité est fragile. On vote, dans les commissions, des lois à deux voix de plus que le camp d’en face. Une situation que l’approche des élections communales en 2009 ne risque pas de résoudre.

Je suis là, j'existe !
Autre constante dans les plaintes: le manque de visibilité. Après un Driss Jettou dont l’un des points forts aura été la communication, vis-à-vis des acteurs marocains et étrangers, plusieurs voix reprochent au gouvernement actuel de ne pas en faire autant, au point d’empêcher une lecture claire de la stratégie des ministères. L’on se souviendra de la demande de Ssi Abbas, au début de l’année, aux membres du gouvernement de lui présenter les programmes qu’ils comptaient appliquer au niveau de leurs départements respectifs. Je ne suis pas un fin connaisseur du droit constitutionnel mais il me semblait que selon l'article 65 de notre "constitution", "Le Premier ministre assum[ait] la responsabilité de la coordination des activités ministérielles" et non l'inverse ! Plus récemment, le 18 mars dernier a été marqué par le lancement d’un nouveau concept, les «mardis de la Primature», par le ministre délégué chargé des affaires économiques et générales, Nizar Baraka, une opération destinée à assurer un contact régulier avec les médias pour discuter des dossiers de l’actualité... mais le Premier ministre dispose déjà d’une tribune hebdomadaire au niveau du Parlement, il n’a qu’à y aller pour y dire ce qu’il veut et annoncer les mesures qu’il a prises. De plus, cela encouragera ses collègues au gouvernement, à y faire acte de présence plus souvent et porter un coup à la routine parlementaire que la Primature politique n’a pas changée.

Il y a là clairement un manque de coordination entre les composantes du gouvernement, voire une incapacité du Premier ministre à jouer son rôle de chef d’orchestre.

A trop raser le mûr, on finit par avoir mal au dos à Ssi Abbas.

Anas Alaoui M.

Un pas en avant ... deux pas en arrière !

Le Maroc connaît depuis quelque temps une inquiétante marche vers l’obscurantisme.

Evénements de Ksar El-Kebir, affaire des satanistes, apparition à chaque coin de rue de gardiens de la morale, maintien d’une législation liberticide qui encourage l’intolérance... des individus ou des groupes d’individus se sentent aujourd’hui menacés dans le plus beau pays du monde !

Menacés à cause de leurs choix de vie personnels, de leurs goûts (mêmes musicaux !!), de leurs croyances ou de leur non croyance... menacés parce qu’ils sont différents, menacés parce qu’ils ne collent pas à « nos » valeurs traditionnelles, à « notre » identité islamique.

Vouloir enfermer des individus dans une identité porte un nom : cela s’appelle l’intolérance !

Par leur passivité, voire par leur complaisance envers les porteurs de l’obscurantisme, les autorités participent à ce climat de haine.

D’où L’appel pour la défense des libertés individuelles. Cette pétition a permis d’ouvrir un débat national sur le thème des libertés individuelles.

L’on peut cependant faire un petit reproche à cet « Appel »: il ne met pas assez l’accent sur la responsabilité des autorités dans les atteintes aux libertés individuelles. Toutefois, cet « Appel », qui s’inscrit dans la logique de la déclaration des droits de l’homme, universelle et indivisible, doit être signé par toutes celles et tous ceux qui croient en ces valeurs, toutes celles et tous ceux qui refusent d’abdiquer face à l’obscurantisme.

Le mode d’emploi est simple. Il suffit d’envoyer son nom et prénom à l’adresse électronique suivante : baytalhikma@gmail.com

Parce que nous sommes libres...

Mehdi Megzari

Réflexion faite ... les Droits de l'Homme au Maroc

Vaste sujet que celui des droits de l’Homme au Maroc. Comme beaucoup de pays en voie de développement, le combat pour la défense des droits de l’Homme occupe une place importante dans la vie politique de notre pays et malheureusement au détriment d’autres débats qui seraient nettement plus bénéfiques à notre émancipation. Qu’entend-on par droits de l’Homme ? Les droits de l’Homme sont le respect des valeurs fondamentales des droits humains que sont la dignité, le droit à la vie, la liberté, l’égalité, la solidarité, la tolérance, le droit à la différence... autant de valeurs qui nous semblent couler de source mais qui pour certains de nos dirigeants restent un privilège à pourvoir ou à extirper. Etat des lieux d’une lutte qui n’en fini pas de durer...

Au royaume enchanté, les atteintes aux droits de l’Homme ne sont un secret pour personne et ce depuis bien longtemps... trop longtemps !

Il y a eu le long cauchemar que fut les "années de plomb". La répression politique au Maroc est alors féroce et ne fait pitié d’aucun cas. Disparitions, arrestations arbitraires, tortures, procès inéquitables dans le cadre d’une justice de l’ordre, exécutions extrajudiciaires, viols... et j’en passe. La population marocaine, ou du moins la moins bien lotie parmi elle, a tout connu, et ce dans la plus totale impunité des commanditaires de ces actes. Guerre du Sahara, guerre contre l’Algérie, complots, soulèvements, abus de pouvoirs... toutes les raisons sont bonnes pour démontrer, qu’au Maroc, le pouvoir ne peut ni être ébranlé ni même critiqué. Alors avec la nouvelle ère, celle du jeune roi, il fut jugé utile de mettre sur pied une commission qui plancherait sur la question : l’Instance Equité et Réconciliation. En 2005, l’IER publie son rapport sur les violations graves des droits humains commises dans le passé. Elle y répertorie quelque 10000 cas d’atteinte aux droits de l’Homme et 1018 morts, bilan très contesté par les acteurs de la société civile. Mais cette instance agit en dehors de tout cadre judiciaire. Cette instance qui avait suscité tant d'espoirs se révèle finalement une grande déception: les recommandations émises sont restées lettre morte comme la réforme constitutionnelle, l’abolition de la peine de mort, la lutte contre l’impunité notamment celle des tortionnaires et hauts gradés de la police, de la gendarmerie et de l’armée (certains sont encore en poste), la réforme des services sécuritaires, l’adhésion à la cour pénale internationale.

Parlons-en justement de l’attitude marocaine face à la communauté internationale durant ces années. Le Maroc adhère dès 1979 à un certains nombre de conventions mais toujours entachées de réserves officielles affaiblissant la signification de ces ratifications comme c’est le cas pour les conventions sur les discriminations à l’égard des femmes, contre la torture, ou même celles sur les droits de l’enfant ! De plus, des traités d’importance capitale ne sont toujours pas signés par le Maroc comme la convention de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) sur les libertés syndicales. Encore faudrait-il reconnaître la primauté des conventions internationales par notre constitution si l’on souhaite être en adéquation avec les normes reconnues universellement.

Pour palier ce manque, la société civile, encore une fois, s’est organisée par ces propres moyens pour faire valoir les droits des marocains en place et en lieu de l’Etat. Ainsi, depuis le début des années 90, de nombreuses associations de défense des droits de l’Homme ont vu le jour grâce au dynamisme et au ras le bol de politiques, intellectuels, anciens prisonniers ou tout simplement militants. L’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH), ATTAC Maroc, l’Union de l’Action Féminine (UAF), la Ligue Amazigh des Droits de l’Homme (LADH)... pour ne citer que celles-ci, militent continuellement pour permettre à tout marocain de jouir de ses droits. Leur combat est quotidien et tente de faire la justice dans un pays qui en manque cruellement. Leur soutien aux victimes est matériel et moral mais se fait également par une dénonciation régulière des atteintes aux droits de l’Homme de tous les genres par l’organisation de sit in, de marches pacifiques de soutien... etc.

Aujourd’hui, alors qu’il semble s’être profiler un état de droit au Maroc, Amnesty International vient de dénoncer dans son dernier rapport paru fin 2007, une augmentation des cas de torture depuis 2002, année de lancement d’une campagne de lutte anti-terroriste. En effet, à la suite des attentats du 16 mai 2003, de nombreux cas de détention arbitraire, de torture, de procès iniques, de recours à la violence de la part des autorités ont été perpétrés dans une quasi-totale indifférence de l’opinion publique trop désireuse d’enrayer le terrorisme du territoire marocain. Les rafles et les procès non stop ont conduit à la condamnation de plus de 850 personnes dont 16 à la peine capitale. Est-ce LA solution ? Le traitement sécuritaire et judiciaire de ce dossier a connu tous les abus avec, par exemple, la loi antiterroriste qui contient des dispositions rétrogrades quant au respect des droits humains ce qui a débouché sur des jugements sévères et cruels pour des centaines de présumés terroristes, sans parler des conditions de détention dans les prisons surpeuplées du royaume.
Mais la recrudescence de ces traitements ne se limite pas aux seuls terroristes et barbus ou aux militaires comme autrefois, elle concerne aussi les jeunes, les militants, les engagés politiquement, les journalistes... Les exemples encore une fois se bousculent ! Leurs crimes ? 47 jeunes arrêtés lors des manifestations contre la vie chère à Sefrou le 23 Septembre 2007 dont 34 ont été condamnés à 4 mois de prison ferme ; des dizaines de syndicalistes arrêtés arbitrairement pour avoir dénoncé leurs conditions de travail; les journalistes également n’échappent pas aux ravages de l’estafette, puisque nombre d’entre eux sont poursuivis et enfermés pour avoir dit ce que beaucoup pensent tout bas; en plus de tous les étudiants et militants emprisonnés pour délit d’opinion. On voit même réapparaître le spectre des bagnes que l’on croyait enfoui: le centre de détention de Temara, situé à 15km de Rabat et géré par la DST (la Direction de Sureté Nationale) rappelle les Tazmamart, Dar Mokri ou autre Derb Moulay Cherrif depuis que de nombreux témoins ont évoqué des tortures systématiques dans ce centre de détention qui reste secret et non reconnu par les autorités.

Les autorités usent aussi largement du délit d’atteinte aux sacralités et à l’intégrité territoriale. En effet, dans beaucoup de cas, les prévenus sont accusés d’avoir bafoué une valeur à la mode chez nos dirigeants. Le cas du jeune ingénieur Fouad Mortada, est tristement célèbre: pour avoir créé une page au nom du prince sur Facebook, il a vu s’abattre sur lui les foudres de la police et a été condamné à 3 ans de prison ferme et 10000 Dhs d'amende avant de se faire gracier par le roi. Et tant d’autres... Le crime de lèse majesté continue donc de faire des victimes dans notre pays et nous rappelle que l’on n’est pas si loin du temps où l’on devait baisser la voix pour échapper aux mouchards. Le respect des droits de l’Homme prévaut même si la loi sanctionne. Ce n’est pas se que retiendront les 17 membres de l’AMDH arrêtés à Agadir, Ksar el Kebir et Beni Mellal pour avoir scandé des chants jugés douteux à un sit in pacifique à l’occasion des manifestations du 1er Mai 2007 et condamnés par la suite à 1 à 4 ans de prison ferme. Au total, on compte aujourd’hui environ 46 détenus politiques au Maroc et une poignée de détenus d’opinions.

Au royaume enchanté donc, les choses ne sont pas aussi belles que l’on voudrait le croire. Et si la partie visible de la société, nichée dans les beaux quartiers des grandes villes, feint la tranquillité, le Maroc « inutile » continue de souffrir des sévices d’une politique de répression sauvage. Subissons-nous réellement un tel traitement? Oui, tant que notre justice - justice incompétente, justice dépendante, justice partiale - servira les intérêts de la minorité... Pire, depuis l’indépendance, les autorités marocaines ont cultivé un savoir faire dans le domaine du non respect des droits de l’Homme: communication contrôlée, art du mensonge et de la négation, maintien du contrôle sur la population grâce à son appareil sécuritaire, soin de son image internationale... ce qui suscite auprès de la population une quasi complaisance !

Il est temps pour nous de réagir à cette grande manipulation et de réclamer enfin un Etat de Droit, droit à la vie dans la dignité, droit à la liberté, droit à la différence, droit à l’égalité, droit à la santé... Est-ce trop demandé ?

Aimane Sami

"Pas de développement économique sans assainissement de la situation générale du pays, pas d’assainissement sans une réforme constitutionnelle"

Evident ? non, bien sur… car on peut bien réformer les structures économiques du pays sans avoir à toucher à la constitution. Non, on ne rafistolera pas en usant du système D comme d’habitude, on fera mieux, on ignorera cette constitution, pour nous en remettre exclusivement aux autorités supra-constitutionnelles. Le Roi fait du bon boulot, à quoi bon chercher à réformer ce "chiffon de papier" pour reprendre l’expression de Guillaume II à propos de l’acte de neutralité de la Belgique, en 1914... à quoi bon s’embarrasser de réécrire un texte symbolique, alors que le pays bouge malgré tout?

Cet argumentaire, M. El Himma le fait sien, et il n’est pas le seul : dans les "grandes" formations politiques, un seul mot d’ordre : "tous derrière le Palais !" bon… en soit, l’acte est tout naturel dans une monarchie, la nôtre qui plus est... Seulement, ce mot d’ordre est complété par : “Le Palais nous montre la voie...” Ah? Et les partis? ils devront suivre la cadence et faire preuve d’une passivité servile. La faute à qui ? euh...

Conscient du danger représenté par la concentration des pouvoirs, le Roi décide de déléguer la direction des orientations des grands chantiers d’une politique que le gouvernement était supposé mener, et pas seulement appliquer, avec des marges de manœuvre très réduites. El Himma porte le fer là où il fait bon dormir : le Parlement. Ce dernier ne fait pas son boulot? eh bien l’ancien secrétaire à l’intérieur dynamisera la chambre des représentants, en s’entourant des compétences et potentialités du Maroc, de quel bord politique qu’elles soient… Après la démocratie "Hassanienne", voici la démocratie "Himmanienne"...

Bizarre...
Lors de la fameuse rencontre avec MM. Sassi et Hafid, en Juillet 2006, El Himma aurait laissé entendre que les hommes politiques compétents étaient appelés à rejoindre une sorte de "front royal de modernité", pour reprendre l’expression de M. Sassi. D’autre part, El Himma a synthétisé la situation du règne du Roi Mohammed VI comme suit : Lecture. L’œuvre de Mohammed VI selon El Himma :

• "Au début du règne de Mohammed VI, le pays était menacé par des actes terroristes, par les projets d’Al Adl Wal Ihssane, etc. Aujourd’hui, la sécurité est établie. Nous avons défendu notre stabilité avec les moyens que cela nécessitait".

• "... pour ce qui est de la réconciliation, je vous demande simplement de retenir le courage politique que cela a nécessité. Aujourd’hui, la réconciliation est un fait. Une page est tournée".

• "... le roi a parcouru 72.000 km cette année. Citez-moi une seule région où un grand chantier de développement n’ait pas été lancé. Parfois les gens s’étonnent de voir le roi lancer de micro-projets. Mais cela lui permet d’écouter directement les doléances des citoyens, en plus des rapports qui lui parviennent".

• “… le roi est intervenu en pleine crise et n’a pas choisi la facilité. Il a fait voter la Moudawana au Parlement, de manière à impliquer toutes les forces politiques”. (Tel Quel n°238)

En d’autres termes, si amélioration de la situation générale du pays il y a, c’est grâce au roi. Si El Himma n’y fait pas allusion, l’aspect politique est présent dans cette synthèse : la démocratisation accélérée, mais à pas prudents de la société marocaine est encore une fois, une œuvre royale.

Personne n’est dupe : le roi fait tout, mais on mesure l’importance du crédit engagé. Certes, le monarque croise le fer sur le terrain, en faisant avancer les choses, mais ce faisant, il s’expose à des critiques. Etant l’initiateur de tel ou tel projet, de telle ou telle mesure, il est de fait tombé dans une situation où on est en droit de lui demander des comptes, voire de critiquer telle ou telle orientation. Le seul hic, c’est que la constitution sacralise et sanctifie l’institution monarchique, et malheur à qui oserait demander des comptes à Amir Al Mouminine. Casse-tête ? paradoxe ? Quand Sassi, dans les "Cahiers Politiques", disait que l’Etat disposait d’une certaine cohérence dans sa stratégie, il n’y se trompait pas : au lieu d’impliquer directement le roi dans la gestion courante politique, ça sera à un homme fort, un homme du roi, qui s’occupera du tout. Hier s’était Oufkir, Guedira parfois, Dlimi, puis Basri. Aujourd’hui ça sera Fouad Ali El Himma. La nouveauté, c’est que la légitimité du nouvel homme fort du roi sera double, ou tout au moins nimbée d’une légitimité populaire. En d’autres termes, El Himma cherche sa légitimité d’abord chez le roi -c’est un ancien camarade de classe- puis chez le peuple marocain -c’est le député des Rhamna-. Curieuse situation, inédite sûrement : le lieutenant du roi s’excentre du cercle de décision, mais en garde le pouvoir et les attributs.

“Beware of my countryman when he turns polite” comme le disait Rudyard Kipling. Non pas que je remette en cause la fibre démocratique de M. EL Himma, mais je m’intéresse seulement à l’origine de sa légitimité : oui, il a été élu. Et alors? si ce n’était sa proximité avec le Roi, il n’aurait peut être pas eu ce score confortable, ni n’aurait bénéficié d’une couverture médiatique à peine déguisée.

Le Cas El Himma est peut être un épiphénomène, peut être éphémère, mais il est symptomatique de la faiblesse des institutions, sauf d’une seule, qui monopolise et distribue les pouvoirs. Le Gouvernement? ce n’est qu’après les négociations post-électorales que le programme formel est esquissé, lequel doit avoir le feu vert du Palais pour être présenté au Parlement. Le Parlement lui-même est incapable de prendre l’initiative d’une loi, à titre d’exemple, les élus du peuple marocain ont été effaré par un projet de loi qui stipulait qu’ils devaient faire une déclaration de patrimoine avant et après leur mandat… Le contre-argument de choc : “les ministres doivent faire de même” ces derniers répliquent “nous ne sommes pas assujettis à la même procédure”… Au delà de ces querelles de clochers, un constat s’impose : les institutions sont malades, faméliques et gangrénées.

Ce que El Himma voudrait faire, c’est noyauter des institutions déjà vidées de toute prérogative, et n’en faire, au bout du compte, que la confirmation des orientations étatiques ; Cette politique de délégitimation systématique des institutions populaires conduira finalement l’opposition à chercher son expression en dehors des institutions, ce qui ouvre la voie à des débordements, et nous revoit aux périodes les plus sombres de l’histoire politique contemporaine de notre pays. Son action sera peut être positive, pour le fonctionnement “objectif” des institutions, mais pour la politique partisane se réclamant d’une certaine rigueur éthique, c’est un danger. Pourquoi ? D’abord parce que le citoyen marocain perdra confiance en toute faction politique, qu’elle soit corrompue ou non, ce qui fragilisera d’autant plus les partis politiques, qui sont -pour ceux qui gardent un point de vue critique des choses- l’un des contre-pouvoirs encore existant à l’institution monarchique. Ensuite parce que la logique derrière ce front royal -qui n’a pas besoin d’être un parti pour être visible- c’est le “tu es avec moi ou contre moi” en d’autres termes, le but -avoué ou non- de ces manœuvres politiques, c’est d’instaurer une certaine “dictature de la pensée unique”, puisque de toutes façons, c’est la monarchie seule qui est capable de “sauver” le Maroc. En tant que militant politique, mais aussi et surtout en tant qu’être humain, aspirant à une pleine citoyenneté, je ne peux qu’exprimer une appréhension pour la liberté individuelle la plus basique, celle d’avoir une opinion propre.

Petit exercice de logique : qui régit et définit les Institutions ? en France, c’est la constitution, au Maroc aussi… Seulement, si les institutions sont en panne, de deux choses l’une, soit la constitution n’est pas respectée, et là la définition même d’Etat de Droit n’est plus opérante au Maroc, soit cette constitution est déséquilibrée. L’esprit malicieux ajoutera : “et la voix du peuple dans tout ça ?” la voix du peuple compte pour du beurre mon ami… je ne veux, à titre d’exemple, qu’évoquer l’article 24 de la constitution amendée de 1996 : “le Roi Nomme le Premier Ministre” Constitutionnellement, le Roi peut nommer toute personne qu’il veut, c’est à son bon plaisir. En 2002, son choix était constitutionnel, en 2007 aussi. Il s’est juste obligé à nommer un premier ministre partisan… La volonté populaire est évacuée par les institutions, puisque finalement, elle est réduite à zéro, malgré l’article 4 : “La loi est l’expression suprême de la volonté de la Nation”.

Comble du malheur, nous sommes au Maroc, dans les deux situations évoquées plus haut: la constitution est déséquilibrée, puisqu’elle accorde des pouvoirs tellement étendues qu’elle ne les définit pas, au Roi, et les bribes de pouvoirs “octroyés” (et le mot est de feu le Roi Hassan II) sont tellement insignifiant que des institutions comme la justice, la police ou les services de sécurité font un pied de nez à toutes les tentatives d’investigation à travers les mythiques commissions parlementaires. Oui, bien sûr, les parlementaires votent des lois, mais le circuit législatif est tel que si le Roi ne trouve pas à son goût un certain projet, ou une proposition, il refusera de signer, entraînant une procédure extraordinaire, laquelle se solde toujours par la victoire du souverain : le référendum est et sera pendant longtemps un plébiscite, une bey’a…

Alors... une réforme constitutionnelle s’il vous plaît...

Zouhayr Ait Benhammou

La croissance économique marocaine ralentit au cours du 4ème trimestre 2007

Les chiffres du 4ème trimestre 2007 sont enfin tombés. L'activité économique nationale a été marquée, au cours de ce 4ème trimestre 2007, par la réalisation d'un taux de croissance de 2,1% contre 8,1% durant la même période de l'année 2006, indique le Haut Commissariat au Plan (HCP).

Dans une note d'information diffusée vendredi 28 mars, le HCP précise qu'en raison des conditions climatiques défavorables, le secteur agricole a connu une baisse en volume de 19,4% dans la même période contre une hausse de 23,7% une année auparavant, ajoutant que les activités non agricoles ont globalement évolué de 6% (contre 4,7%).

A l'exception des activités minières et énergétiques qui ont accusé une baisse de 1,8%, la croissance positive a été tirée surtout par l'activité immobilière et surtout financière. En effet, celle-ci enregistre la plus forte progression toutes branches confondues en glissement annuel avec 18,6% (contre 12,9% l'an dernier à la même période). Les autres secteurs ont enregistré une légère croissance comme suit:
  • Les activités industrielles ont progressé de 4,7% (contre 3%).
  • Le bâtiment et travaux publics de 8% (10%).
  • Le commerce de 6% (4,8%).
  • Les activités d'hébergement et de restauration de 4,3% (contre 12,8%).
De même, le secteur du transport a connu une hausse de 6,9%, celui des postes et des télécommunications de 14,4% et les services rendus aux entreprises et services personnels de 7,4%. Quant aux services rendus par l'administration publique générale et sécurité sociale, et ceux de l'éducation, de la santé et de l'action sociale, ils ont enregistré eux aussi une hausse de 4,9%.

Le PIB a connu, également, une augmentation de 4,9% par rapport au même trimestre de l'année passée, soit une progression du niveau général des prix de 2,8%.

Encore une fois, l'économie marocaine se trouve ralentie par manque de pluie et cela risque de continuer (la désertification ne va pas s'arrêter là). Les gouvernements marocains successifs ne sont toujours pas arrivés à sortir l'économie marocaine de sa dépendance structurelle par rapport à l'agriculture.

De plus, les dispositions de la dernière loin de finances concernant la TVA sur l'immobilier, passée de 14% à 20%, et celle sur les LOA (Location avec Option d'Achat), passée de 10% à 20% risque de grever l'un des rares secteurs économiques à enregistrer une croissance assez forte.

Anas ALAOUI M.

Le temps des turbulences

C'est un témoignage précieux que nous livre Alan Greenspan dans sa volumineuse biographie "Le temps des turbulences". Plus qu'une compilation d'analyses, c'est l'occasion pour lui de raconter un demi siècle de l'histoire économique et politique des Etats-Unis. Celui qui a dirigé la Réserve Fédérale américaine -l'équivalent américain de la banque centrale européenne- pendant près de vingt ans nous offre un point de vue singulier et sans concession de sa version de l'histoire.

Il est d'abord question de l'homme, fils unique élevé par sa mère dans la lointaine banlieue New-Yorkaise, que le parcours scolaire dirige peu à peu vers l'économie, une discipline où il se sent de plus en plus à même d'exceller à mesure qu'il se détourne de sa première passion : le jazz. Il n'a eu de cesse alors de s'approprier les mécanismes de la dynamique économique, plongé dans les manuels et les textes des plus grands auteurs, Smith, Ricardo, Keynes -dont il adoptera provisoirement la Théorie Générale- mais surtout Schumpeter et sa théorie de la destruction créatrice dont il ne se détachera jamais.

Dans son ouvrage, Alan Greenspan, tacle là où on ne l'attendait pas forcément. De sensibilité Républicaine, Greenspan adresse dans ses mémoires un éloge prononcé de Bill Clinton. Il estime que le Parti Républicain a mérité sa défaite électorale en 2006 : "Ils ont mis de côté les principes -ndlr faisant référence aux principes économiques conservateurs de réduction des dépenses- pour conserver le pouvoir.... mais au bout du compte ils l'ont perdu également".

L'ancien Président se dit également attristé qu'il soit devenu "politiquement incorrect de reconnaître publiquement ce que chacun sait : la guerre en Irak était largement motivée par le pétrole".

Je m'étonne cependant que l'ancien grand argentier de la Fed n'ait pas soulevé ces objections en temps et heure, rappelant notamment son soutien au paquet fiscal de George Bush, pourtant critiqué à l'époque par d'autres figures de l'univers financier (comme Warren Buffett).

Et même si aujourd'hui son aura pâtît de quelques critiques suite à la crise des subprimes, qu'il est accusé d'avoir favorisé en encourageant la bulle immobilière, l'économiste est toujours considéré comme un "oracle" de l'économie, et des plus libéraux qui plus est. Ainsi dans son ouvrage, on apprend que :

L'immigration est inéluctable et sera bénéfique : « Si nous devons continuer à affronter le monde et améliorer nos niveaux de vie, nous devrons soit améliorer considérablement notre enseignement primaire et secondaire, soit ouvrir nos frontières aux immigrants qualifiés. Si nous faisions les deux, nous en retirerions d'importants bénéfices économiques ».

La Chine dessinera le monde : « Parmi les rivaux du leadership économique mondial des Etats-Unis, juge-t-il, seule la populeuse Chine apparaît comme un concurrent majeur en 2030. (...) Je ne prétends pas être capable de prévoir avec certitude si la Chine continuera à suivre son chemin actuel vers une plus grande liberté politique ou bien si, pour conserver son contrôle politique, le Parti communiste rétablira la rigidité économique (...). Le monde en 2030 dépendra en grande part de ce choix. Si la Chine continue de se diriger vers le capitalisme de marché, elle portera à coup sûr le monde vers de nouveaux niveaux de prospérité ».

Les retraites sont condamnées : « La quasi-totalité du monde développé se trouve au bord d'un gouffre démographique sans précédent : un nombre important de travailleurs (...) s'apprête à quitter la sphère productive pour prendre sa retraite. (..) Chercher à conserver le système actuel de retraite par répartition (...) va devenir de plus en plus coûteux et à un certain moment insupportable. Faute de mieux, la seule solution possible sera de recourir à une forme de financement privé ».

En tout cas celle de M. Greenspan n’est pas condamnée car il reste un retraité très actif. Outre le fait qu’il est conseiller à la Deutsche Bank, il a reçu une avance de 8 millions de dollars pour son livre et enchaîne les conférences facturées à 150 000 dollars chacune. N’est pas Greenspan qui veut !

Anas ALAOUI M.

Le jour où Nina Simone a cesse de chanter

Tout juste publié aux éditions Acte Sud, « Le jour ou Nina Simone a cessé de chanter » est l’histoire vraie de Darina Al-Joundi, actrice libanaise, où elle retrace ces années de jeunesse dans le Liban des années 70 – 80 avec la complicité de Mohamed Kacimi, auteur d’origine algérienne. L’histoire d’une jeune fille qui devient femme au milieu des atrocités de la guerre qui secoue le pays à l’époque. Son père, fervent militant, voulait à tout prix qu'elle soit libre, la laissant commettre tous les excès, ce qui s’avère être un cadeau empoisonné. La narratrice détaille dès lors sa descente aux enfers : alcool, drogue, sexe, guerre, violence…

Le style, la simplicité et la sincérité du récit sont bouleversants. A mettre entre toutes les bonnes mains!

La première scène, qu'on retrouve en ouverture du livre, est terrible. A la mort de son père, la jeune fille s'enferme seule dans la chambre où gît le cadavre, recouvert d'un linceul blanc. Elle arrache la cassette qui débitait un chant coranique et, à la place, met du Nina Simone. N'était-ce pas conforme aux sentiments de ce réfugié politique syrien, laïque fervent, marié à une Libanaise chiite, qui interdisait à ses filles de prier et de jeûner ? Parents et amis scandalisés tambourinent à la porte, sommant la rebelle d'arrêter ce sacrilège. "Ouvre salope, ouvre ! Ouvre, putain, si tu touches au Livre de Dieu, tu es morte." Elle tient bon, mais elle va le payer cher...

A voir également, le site de Darina Al-Joundi.

Aimane SAMI

mercredi 9 janvier 2008

Edito

La voilà donc cette merveilleuse aventure qui prend corps. Tout a commencé par la bonne volonté de jeunes marocain(e)s qui se sont rencontrés avec pour ambition rien de moins que de promouvoir la démocratie et les valeurs des droits de l’Homme au Maroc.

C’est donc tout naturellement que le premier numéro de ce journal aura pour thème l’engagement. Que l’on soit engagé dans la politique, au sein d’associations de la société civile ou encore dans sa communauté proche. Les motivations diffèrent, les moyens changent mais l’ambition reste la même : donner de soi pour l’intérêt général.

L’engagement des forces vives du Maroc et tout particulièrement de sa jeunesse a pris différentes formes à travers l’histoire contemporaine de notre pays : engagement dans le combat pour l’indépendance, engagement en politique pour l’édification du Maroc post-indépendance, engagement en faveur des mouvements des droits de l’Homme … etc.

Actuellement, l’on sent chez nos concitoyen(ne)s ce désir de s’engager par tous les moyens possibles. Plus que jamais les marocaines et les marocains veulent participer activement à la marche de leur pays et affirmer leur droit à une citoyenneté pleine et entière.

C’est dans cette même logique que Cap’DéM@ a pour ambition de fédérer les forces de la jeunesse marocaine pour l'instauration au Maroc d'une démocratie qui garantisse un réel Etat de droit. Le temps du laisser-faire les autres est révolu, le temps des « zouamas » est fini. Est arrivé celui de notre génération, une génération que ne veut plus subir mais agir. Une génération qui veut enfin prendre son destin en main.

Mais si la démocratie constitue le point angulaire de tout développement au Maroc, nous n’oublions pas pour autant les autres secteurs dans lesquels le Maroc a enregistré un retard dangereux : l’éducation, le domaine social et culturel, l’économie ... etc.

L’engagement de Cap’DéM@ ne se limite pas à une série de revendications, il va au-delà en instituant des groupes de travail qui seront autant de forces de propositions capables de donner vie à une vision et un projet pour un Maroc démocratique, moderne et solidaire.

Il est temps d’honorer des années de lutte et de militantisme de nos anciens. Nous vous le demandons au nom des aspirations légitimes de nos concitoyennes et nos concitoyens à vivre dans le respect et la dignité.

Collectivement, en travaillant, en réfléchissant, en nous engageant, donnons corps à cette vision!