mercredi 9 janvier 2008

Pourquoi les marocains ne veulent-ils pas être les gentils ?

A chaque numéro du journal Cap'DéM@, une personne est invitée afin de donner son avis en relation avec le thème du numéro.

Cap'DéM@ a invité pour ce numéro Lina H. Hamou qui a gracieusement accepté l'invitation.*

Lina est l’ancienne présidente d’une association impliquée pour le développement du Maroc. Elle explique ici les raisons de son engagement.

S’engager, quel que soit l’objectif ou la cause à défendre, c’est avant tout donner de soi à quelque chose qui est autre. C’est de l’altruisme actif.

C’est là que réside sa pureté, sa beauté.

Nous en sommes tous capables ! J’ai entendu souvent, à mon regret, qu’on ne pouvait jamais intéresser les marocains à rien. C’est faux, et c’est dangereux de le croire.

Cependant, un marocain parle peu, et avec beaucoup de pudeur, de ses engagements. Quelle en est la raison ?

On peut évoquer, rapidement, le désir de rester modeste ou bien la peur du « mauvais œil » que nous attirerait immanquablement toute fanfaronnade. Mais plus fondamentalement, je crois qu’on assiste aujourd’hui à une curieuse inversion des valeurs. Il est plus facile, plus commun, d’avouer son égoïsme que sa générosité. Plus facile de prétendre avoir un intérêt quelconque lorsqu’on n’avait agit que par altruisme. Comme si l’altruisme était hautement suspect !!

Il serait temps que les marocains acceptent d’être aussi des « gentils ».

Heureusement, et quel que soit le faux prétexte sous lequel nous le dissimulions, nous choisissons tous un jour de nous engager. Nous avons tous connu un jour ce déclic.

Cependant, sa cause est certainement plus difficile à cerner. Pourquoi, un jour, sommes-nous subitement émus par tel ou tel combat ? Quels sont les mots qui nous remuent ?

Charisme d’un leader, exemple d’un ami, résonnance de la cause avec une situation personnelle, intérêt mercantile ou carriériste transformé en réel dévouement ?

Je ne sais plus où se situe le déclic de mon engagement associatif. Etait-ce lorsque pour la première fois, un de ses membres m’a raconté son travail ? Etait-ce les mots qu’il a employés, l’émotion que je sentais derrière, ou bien la valeur des actions menées ? Etait-ce bien plus tard, lorsque j’ai ressenti moi-même la satisfaction de voir les résultats concrets de mon travail, la satisfaction d’apporter ma pierre à l’édifice et d’en sentir l’utilité ? A quel moment ai-je définitivement franchi le pas ?

Certains se décident facilement, presque sans y penser. D’autres sont davantage prudents, exigeant de recevoir beaucoup avant de commencer à donner. Et même souvent, les mêmes vont s’engager ici franchement, et là avec hésitation.

Toutefois, les plus réticents, les plus méfiants, sont souvent ceux dont l’engagement est le plus entier, le plus profond.

Quoiqu’il en soit, je vous souhaite à tous d’en faire l’expérience. Soyez des gentils !

Lina H. Hamou

Aucun commentaire: